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Le Square
Gérard Elbaz / mars 2019
Vendredi 22, lundi 25 mars à 20, samedi 23 à 17h

Réservation indispensable au 01 43 63 41 61 ou 


Le Square

de Marguerite Duras

Compagnie Les Rencontres Ephémères
Mise en scène : Gérard Elbaz
avec :
Martine Thinières
Stéphane Valensi
Scénographie et costumes : Emma Depoid

Note d'intention

Tout commence avec le titre-lieu, « Le Square », un espace séparé du reste de la ville, de la cité, par une porte grillagée.
C’est comme si, dès que l’on a passé la grille du square, on se trouve dans un lieu autre, un lieu où les codes sociaux, les règles sociales générales n’existent plus. Un lieu où l’on peut s’autoriser la transgression, un lieu qui permet les possibles, les rencontres improbables.
Dans la pièce Le Square, Ce sont deux figures des invisibles de la société, qui sont au centre. Lui, un homme d’âge mûr, voyageur de commerce, sans domicile fixe, elle, employée de maison à plein temps, bonne à tout faire, sans domicile personnel non plus. Les deux, sans nom, sans prénom, sans rien… ou sans tout.
C’est dans le square que l’enfant, porteur de lien, mange les tartines de son goûter. C’est la faim de mots qui sommeille dans chacun des deux personnages. Une soif de parler, de dire pour exister, de s’enivrer de mots pour sortir de l’ombre et du silence de leur statut social. Parler, c’est se confirmer à soi-même que l’on existe, que l’on est en vie, que l’on est un être vivant et désirant, ce qui leur est interdit.
L’homme, d’ailleurs, dit : « Parler, pour moi, est une sorte d’aubaine. » et ils osent, avec toute leur audace, rompre le silence.
La rencontre entre les deux, c’est cette ascension de l’Annapurna qu’ils font ensemble, en s’écoutant, en se soutenant, en s’accompagnant, en se regardant, en s’opposant, parfois, mais en évitant que l’un des deux tombe et sombre dans le silence total. Une ascension pour enfreindre l’interdit : être et oser avoir des rêves, des espoirs, des désirs, dans ce « territoire utopique et illimité » que constitue l’espace-temps créé par la parole.
Au début, il y a un vouvoiement de politesse et de distance pour finir sur un nous, intime et de reconnaissance réciproque, dans un langage toujours respectueux à la recherche de l’authenticité.
Il s’agira de mettre en action ces deux voix, sources de vie, ce moment volé de rencontre unique et totale.
Gérard ELBAZ

Dans Le Square (1955-1956), Marguerite DURAS est à un tournant d’écriture. Il y a à la fois le style et l’univers de ses romans précédents, avec des personnages incarnés et des réalités concrètes, marquées et précises, et, en même temps, les fondements de tout ce qu’elle écrira plus tard dans ses pièces de théâtre, ses romans, ou ses scénarios : une écriture de « voix » à la vitalité désespérée et tonique, dans laquelle il y a la volonté, dans un temps arrêté, de dire, de raconter, de revivre l’indicible, l’unique, l’insaisissable…
Le Square, c’est la rencontre, le frottement entre le réel, le concret, et l’abstrait, avec le poétique qui fait lien.