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Elle et Il

Sortie de résidence

Compagnie de l'Auberge rouge

Texte Adeline Piketty, d’après les témoignages d’une femme et d’un homme
Mise en scène Laurence Campet
Jeu Adeline Piketty et Guy Vouillot
Musique Noé Codjia (Zoot collectif)
Lumière et régie générale Jérôme Bertin

Quand le raz-de-marée #Metoo envahit les oreilles, les bouches, les esprits, je m'y mets, je la tourne et retourne la question "Est-ce que moi aussi ?"
Pour ELLE, tout commence par des pss pss indécents et intrusifs sur le chemin de l’école, par un bout de chair qu’elle n’aurait pas dû voir…
Pour IL, tout commence dans une cuisine de Picardie, où sa mère lui enseigne l’orthographe à coup de baffes.
Les souvenirs s'accumulent, un premier en appelle un autre, ils se rapprochent du présent, ils se complètent, s'emboîtent, se ressemblent.
De petites humiliations en petites défaites, on se retrouve un jour à s’étonner d’avoir bâti autour de soi une carapace, d’avoir perdu le contact avec l’Autre au point de le craindre, de s’en méfier, de s’en prémunir…
Après ça, avec ça, comment construit-on son rapport au « sexe opposé », comme on dit. Naviguons dans son histoire à elle, dans son histoire à lui, dans toute leur subjectivité, dans toute leur universalité. Vont-ils s'ignorer, se répondre, s'affronter, se soutenir, se consoler ? 
Adeline Piketty

Note de la metteuse en scène
Après Poil à gratter, je poursuis le compagnonnage entamé avec Adeline Piketty, son écriture tranchante et son impressionnante présence de comédienne, et avec la Compagnie de l’Auberge rouge et son fondateur Guy Vouillot.
Entre Elle et Il, ces deux écorchés, nous ferons circuler la parole : mots qui dénoncent, mots lancés comme des bouées, mots de l’Autre repris à son propre compte…
Elle et Il, ce sont deux voix entrecroisées, superposées parfois, comme brouillées, en dissonance ou en harmonie. Une musique.
Ce sont deux corps, ceux d’Adeline Piketty et de Guy Vouillot, avec leur présence bien ancrée sur le plateau ; des physiques qui en imposent ; des boxeurs, oscillant entre la rage de vaincre et la fragilité de la blessure.
Prendre la scène comme un ring, y jouer sa vie. Ajouter un partenaire musical, une trompette, comme une voix au-dessus de la mêlée, une voix qui exhorte les combattants, une plainte ou un uppercut. Je pense à la trompette acérée de Noé Codjia pour accompagner les voix, les soutenir, les contredire parfois ; pour rester en haleine, dans l’urgence de dire, même entre deux rounds.
Laurence Campet