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La révolution des escargots : R.A.S
Cie Demesten Titip / mars 2014

Ces différents portraits de personnages racontent plusieurs possibilités de rater son quotidien

mais aussi plusieurs possibilités de le modifier et de le transgresser. Nous racontons ici l'histoire de personnages qui n'ont aucune ossature héroique, mais dont la lenteur et l'impuissance dessinent quelque chose de l'ordre de la résistance passive.
La Révolution des escargots est une recherche de plateau autour des textes du romancier Joël Egloff. Ce projet se décline en trois volets : R.A.S, Prélude à un effondrement et Ensemble ?
Les personnages ont ici pour point commun de vouloir voir l’éclipse de soleil de 1999. Ils ont également pour point commun de tous la rater. C’est à partir de ces ratages et de cette inadéquation au rythme du monde que nous avons posé les bases du spectacle La Révolution des escargots : R.A.S.
R.A.S est une rêverie qui oppose deux temporalités, celle du monde tel que nous le vivons à travers les clivages du travail, et celle du monde tel que nous le rêvons à travers l’enfance et les énigmes qui se posent à nous, notamment celles de la vie et de la mort.
Joël Egloff est un romancier français dont l’univers très singulier vacille entre hyper réalisme et fantastique. Il met en scène des personnages aux prises avec des situations illogiques, absurdes, qui les poussent à accepter leur impuissance face à l’étrangeté de leur quotidien.
Depuis quelques années, je ne sais plus ce que signifie « ne rien faire » ; en revanche, je sais quelle angoisse me procure ces quelques mots. Cette angoisse est relative à une certaine honte sociale, l’utilité de chacun étant mesurée au nombre de ses actions, finalement quelles qu’elles soient. L’agir (qui dépasse les frontières du travail) apparaît aujourd’hui comme une valeur supérieure, comme si, faute d’agir, un individu s’exténuait et disparaissait.
À la question « Que fait untel ? », on ne pourrait récolter que ricanements ou consternation si l’on venait à répondre « il pense ». La rêverie « active » qu’évoque Gaston Bachelard dans Le droit de rêver (« Le repos de la nuit ne nous appartient pas. Il n’est pas le bien de nos êtres. Le sommeil ouvre en nous une auberge à fantômes. Il nous faut le matin balayer les ombres. Il y a aussi des rêveries qui veulent, des rêveries réconfortantes, réconfortantes parce qu’elles préparent un vouloir et soutiennent le courage au travail ») est boudée du monde contemporain, de gauche comme de droite. On lui préfère la procrastination, qui relève certes de l’oisiveté, mais qui se définit aussi par une série d’actions désordonnées et sans axe. Ces manœuvres dilatoires nous permettent de croire et de faire croire que nous agissons.
Dans tous les domaines, le monde nous somme d’accélérer toujours la cadence, quelle que soit notre fonction. Face à une situation politique désastreuse, il faut agir vite. Penser sans but pragmatique, rêver et revendiquer le droit de ne pas participer à la galopade générale sont considérés comme des formes désuètes de l’existence ; pour certains, elles sont apolitiques et scandaleuses.
Pourtant, à l’heure où l’utopie de la décroissance fait de plus en plus écho à tous ceux qui se lassent de brasser de l’air et de consommer trop, à l’heure où l’on commence à comprendre que notre inaptitude à être désœuvré s’apparente davantage à une tare qu’à une vertu, l’idée de révolution s’articule autour de nouveaux concepts : réapprendre la lenteur du faire au bénéfice de la pensée et de la rêverie ne peut-il pas être une forme de révolte personnelle, pouvant se traduire in fine par une révolution sociale ?
Enfin, lorsqu’un problème ne trouve pas de solution dans l’action, que faisons-nous de cette impuissance ? Quelle action face au deuil ? Quelle action face à la maladie ? Quelle action face à l’amour impossible ? Quelle action face à la solitude ? Quelle action face à la répression ?
Je ne sais répondre à aucune de ces questions. Parce que j’en suis incapable et parce que j’éprouvais le besoin de me donner un embryon de réponse, aussi subjectif soit-il, je me suis mise à rêver d’une communauté humaine dont les individus seraient débarrassés de la pression sociale du surfaire mais acculés à la question de leur impuissance. Impuissants face à une situation nouvelle, peut-être dramatique, qu’ils ne savent pas comment affronter, et qu’ils n’affrontent d’ailleurs pas vraiment ou très lentement, et sans frontalité. J’ai aimé appeler ces personnages des escargots. Je voudrais qu’ils m’apprennent l’exemplarité de leur lenteur, qu’ils soient les mentors d’une nouvelle révolution. Christelle Harbonn  

Nous présenterons au public la nouvelle création de Christelle Harbonn et de la Cie. Demesten Titip le vendredi 28 et samedi 29 mars 2014 à 20h après une résidence durant le mois de mars 2014.

La révolution des escargots : R.A.S

D'après les textes de Joel Egloff.
Mise en scène Christelle Harbonn.
Avec Marianne Houpie, Solenne Keravis, Sébastien Rouiller, Gilbert Traina.
Dramaturgie : Laurence Gervais.
Création sonore & vidéo : Sébastien Rouiller.
Création lumière : Laurent Vergnaud.

Partenaires : 3bisF | Aix en Provence, Collectif 12 Mantes la Jolie, CNCDC Châteauvallon, Lilas en Scène Les Lilas, Réseau Créat'Yve Département des Yvelines, Friche la Belle de Mai Marseille, Théâtre Gérard Philippe - CDN |Saint-Denis, Une Semaine en Compagnie Paris.
Avec le soutien de la DRAC et de la Région Provence Alpes Côte d'Azur, le Conseil Général 13, et le Conseil Général 78, la SPEDIDAM.